Un centre national de recherche mécanique et de transfert des métaux envisagé à Constantine Benmeradi : «Il faut augmenter la capacité de la production en s’appuyant sur la sous-traitance»

Publié le par ouada yazid


Nasser Hannachi

Lors de sa visite à Constantine, le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement a mis en relief le recours à la sous-traitance, seul garant à l’avenir pour réduire la facture des importations. Pour cela, il a estimé que le terrain s’y prête, en témoignent les ressources humaines qu’il faut classifier et leur faciliter l’accès au crédit. Pour sa première visite officielle à Constantine depuis sa nomination à la tête du secteur, Mohamed Benmeradi s’est dit optimiste quant à la ressource humaine existante dans le pôle de l’industrie mécanique ancrée dans cette wilaya. Un constat relevé de visu, mais également extrait des données qui lui ont été présentées ultérieurement par les acteurs principaux de son département. «On espère que la production atteindra 70 à 80% au lieu de 50% réalisés actuellement dans  ces unités de mécanique spécialisées dans la construction de tracteurs, de pelles, de grues et de moteurs», devait souligner le premier responsable du secteur. Pour ce faire, il compte beaucoup sur un  paramètre fort prometteur - il s’agit de la sous-traitance - à inclure dans la stratégie globale de l’industrie à travers les grosses cylindrées de l’industrie nationale, dont les entreprises implantées à Oued Hamime avec ses trois unités (Etrag, Emo, PMO et Aïn Smara avec l’ENMPT). «Nous devons réduire la facture des importations d’au moins de 20% en créant  des entreprises versées dans ce domaine», a-t-il  insisté,  brandissant la lourde note consacrée à ce chapitre en citant l’exemple du budget consommé par la Sonatrach et par la Sonelgaz, et qui donne le tournis : plus de 3 à 4 milliards de dollars sont versés pour assurer l’offre relative à la sous-traitance. S’agissant du «menu du jour», c’est-à-dire la branche de la mécanique, M. Benmeradi estimera que les ressources humaines «existent», il suffit de les rentabiliser. A ce titre, il attirera l’attention des cadres sur les plus de 2 500 factures pro forma établies à Constantine et qui sont  consacrées à ce type de réalisations. De son avis, «le partenariat est inévitable». L’ouverture de l’économie n’a pas donné l’effet escompté puisque le taux de l’industrie à l’échelle nationale est passé de 17% à 7% avec, malheureusement, un fort penchant pour les importations : «On n’est pas parvenus à faire venir autant d’investisseurs.» C’est pourquoi que, dans cette optique, la tutelle voudrait, selon les orientations du gouvernement, changer son fusil d’épaule en optant pour «un partenariat» et des investissements que l’on dit inévitables pour augmenter le flux de la production et réduire le coût des importations, mais aussi pour élargir la gamme des produits usinés à l’échelle nationale. Ainsi, le ministre «revendique» la sous-traitance et les procédés de transformation en industrie. «Il importe d’encourager la branche de la sous-traitance par des réseaux spécifiques en octroyant  des crédits aux détenteurs de projets pour consolider davantage la production», lancera-t-il encore. Des crédits - ou pour le moins des facilitations - seront accordés au niveau des petites et moyennes entreprises. Dans la même lignée, pour donner un attrait à ce critère indispensable à la croissance dans le secteur de l’industrie «mécanique», le ministre proposera la tenue, d’ici à deux mois, d’un Salon national de la sous-traitance qui regroupera divers participants relevant des industries lourdes, notamment. Soit une occasion pour tisser des liens et appuyer cette fabrique qui est en train de reprendre peu à peu dans cette métropole de l’Est. Par ailleurs, un projet de réalisation d’un centre de recherche voué à la mécanique et aux transferts des métaux serait entériné à Constantine. «Nous avons tissé des liens avec l’université pour nous appuyer», dira le wali de Constantine au ministre qui voit en l’option un élan supplémentaire d’intérêt national avec une portée prometteuse pour la mécanique. Sous un autre éclairage, «il est nécessaire, selon le responsable, de diversifier les activités relevant des PME et PMI». Constantine renferme 9 363 unités du genre, générant 40 351 postes d’emploi. L’industrie représente un taux assez faible qu’il faudrait accroître. Autre constat fait  sur place : la plupart des PME et PMI s’apparentent à des TPE, c’est-à-dire enrôlant moins de dix personnes. Dans la foulée, le ministre préconisera le suivi par l’ANDI des différents dossiers déposés, comme il a exigé une révision des terrains restés nus et inexploités. Le Calpiref est appelé, à ce sujet, à réguler cette disproportion pour libérer les aires demeurées «vierges» sans aucune exploitation, alors que les dossiers des investisseurs potentiels s’entassent. 588 lots devraient donc faire l’objet d’une étude. Pour répondre à la production de 5 000 tracteurs par an, le directeur de l’usine expliquera au ministre : «L’entreprise des tracteurs agricoles devra élargir sa fonderie et rénover ses outils.»Si à l’ENMTP d’Aïn Smara, l’état de la trésorerie reste positif après le rachat du découvert en 2005, à Oued Hamime, la situation est toute autre après la fragmentation du complexe moteurs-tracteurs (ex-CMT). De ce fait, l’une des unités se retrouve dans une situation pour le moins inconfortable, et ce, selon les explications des responsables qui ont exprimé leurs doléances au ministre : l’unité peine à assurer la moitié du rendement. Il y a de quoi anticiper sur un traitement d’urgence au niveau de cette entreprise fournisseur principal des agriculteurs de toute la région. L’Etrag, ou l’entreprise des tracteurs agricoles, requiert un lifting inévitable pour parvenir à couvrir la demande nationale. C’est un constat exposé par la direction et le représentant syndical des travailleurs de cette unité issue le 29 juin 2009, suite à la scission du CMT, et qui emploie plus de 1 323 travailleurs dont 185 DAIP. «La mise à niveau de l’unité est plus que nécessaire, sans omettre les investissements et le partenariat», soutiennent les responsables de cette usine. Produisant 12 tracteurs/jour, l’Etrag est appelée à multiplier ses capacités de production pour répondre aux besoins du marché national, notamment celui lié à l’agriculture. 5 000 tracteurs/ans est l’objectif, voire l’exigence du marché. Un équilibre qui ne peut se faire sans apporter une bouffée d’oxygène financière à l’entreprise. Dans ce contexte, le directeur général du développement des industries au ministère fera savoir que la procédure est en cours. Néanmoins, les avis restent partagés quant à l’extension de la fonderie au sein de cette unité de production. «Avec l’actuelle aciérie, on ne pourra jamais atteindre l’objectif de production assigné», devait insister le directeur. Et d’alerter : «Encore moins améliorer la qualité du produit avec des outils obsolètes.» C’est dire que la mise à niveau de cette structure est plus qu’indispensable si l’on met en avant la demande des clients cultivateurs qui «exigent» des tracteurs plus de confort et de puissance. Un modèle de 100 chevaux, appelé tracteur phare, est retenu pour être réalisé durant les cinq prochaines années. Un pari difficile à atteindre sans partenariat concret et sans mise à niveau. D’autant que l’Etrag envisage d’autres «rescousses» en CKD pour maintenir intacts ses 2 500 tracteurs/an. En attendant de conclure ses démarches en perspective d’un partenariat gagnant-gagnant, l’Etrag devrait songer à élargir ses ateliers d’autant que la superficie s’y prête, selon M. Bedoui, wali de Constantine. Des extensions dans les branches de l’usinage, outre le probable élargissement de la fonderie, seront les deux atouts à faire valoir désormais pour couvrir le marché national et espérer exporter comme ce fut le cas par le passé. Une autre perspective du moins à long terme a été retenue en présence du ministre. Elle a trait à la réalisation d’un complexe de pneumatiques sur les lieux pour assurer, en clair, un tracteur made in Constantine à 100%. On n’en est pas encore là. L’Etrag a besoin d’abord de revoir la capacité de sa fonderie pour tourner à plein régime. 

N. H

Publié dans Industrie et PME

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