Réaction: Les banques publiques algériennes expriment leur exaspération face aux pressions du patronat

Publié le par ouada yazid

 

Accuser les banques révèle un diagnostic erroné, selon l’ABEF

 

 

Les banques algériennes contre-attaquent. Mises en cause dans la stagnation économique du pays et dans la faiblesse industrielle, en particulier par le patronat qui a multiplié les attaques contre le système financier, elles ont vivement répliqué mercredi par le biais de M. Abderrekzak Trabelsi, président de l'Association des banques et Etablissements Financiers (ABEF). Pour lui, ces accusations sont totalement déplacées par le diagnostic est erroné.

 

 

Abderrekzak Trabelsi est formel. Les banques algériennes subissent un mauvais procès. Le président de de l'Association des Banques et Etablissements Financiers (ABEF) rejette les critiques adressées aux banques algériennes, accusées d'être à l'origine de la faiblesse industrielle du pays. "Le problème n'est absolument pas là", a-t-il déclaré mercredi matin au cours d'une émission de radio.


Il s'agit d'un "mauvais procès", a dit M. Trabelsi, répondant de manière à peine voilée aux virulentes critiques du patronat algérien et d'une large frange de la presse, qui met en cause la performance de la presse algérienne. Le Forum des Chefs d'Entreprise (FCE), principale organisation patronale d'Algérie, avait organisé la veille une journée d'études, fortement médiatisée, sur les relations banques-entreprises, durant laquelle un procès en règle a été intenté aux banques algériennes. Les banques sont accusées de bouder le secteur privé, de ne pas prendre de risques, d'être trop sourcilleuses sur les garanties, d'avoir des procédures trop longues et des délais impossibles.


Selon M. Trabelsi, un virage a été opéré depuis 2005, et les crédits au secteur privé sont supérieurs à ceux accordés aux entreprises publiques, avec respectivement 1.982 milliards de dinars et 1.742 milliards en jusqu'à fin 2011.  53% sont ainsi destinés au secteur privé.


Si le financement de l'investissement industriel est faible, ce n'est pas aux banques qu'il faut l'imputer, mais à "un effet d'aubaine" favorable aux importations, a-t-il dit. Les demandes de financements adressées aux banques portent peu sur l'investissement industriel, mais plus souvent sur des opérations commerciales, plus rentables, a-t-il déclaré. Par contre, le nombre de projets d'investissement productifs est faible parce qu'il y a "plus de difficultés à aller vers l'investissement industriel".

 

Diagnostic erroné

 

M. Trabelsi a également réfuté l'idée selon lesquelles les banques feraient preuve d'une prudence excessive, tout comme il a réfuté l'idée selon laquelle ceci serait du aux retombées de l'affaire Khalifa. La prudence est "normale", a-t-il dit, se demandant si "supprimer les garanties demandées par les banques peut assurer la réussite d'un projet".


Pour M. Trabelsi, les choses sont claires. Les banques "sont accusées à tort, totalement", parce que "le diagnostic est erroné", conséquence d'une "problématique erronée". Il affirme qu'il faut plutôt "créer un environnement pour favoriser l'investissement productif" plutôt que de pointer les banques du doigt. Il a aussi rappelé que, selon l'Office National des Statistiques (ONS), 95% des entreprises algériennes sont des TPE (très petites entreprises), ce qui complique les procédures pour les opérations de crédits.


M. Trabelsi a toutefois reconnu que l'efficacité des banques est encore loin des attentes. Il a cité, à titre d'exemple, le niveau d'intermédiation qui est, selon lui, "faible". Seuls  56% des crédits 56% des dépôts sont convertis en crédits, a-t-il indiqué. A l'inverse, les "crédits non performants", qui "ne constituent pas une menace" pour l'équilibre des banques algériennes, selon lui.


Les déclarations de M. Trabelsi tranchent nettement avec le discours dominant sur le financement de l'économie algérienne, où il est de mode de s'en prendre aux banques, accusées de constituer un goulet d'étranglement. La réponse de M. Trabelsi apparait comme une manière, pour les banques, d'exprimer leur exaspération face aux excès du patronat, qui maintient une pression quotidienne sur les banques.

Publié dans Finances & Assurances

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