Forum d’El Moudjahid : Agents économiques stabilité et visibilité

Publié le par ouada yazid

D.R
 
La stabilité politique et ses conséquences sur les anticipations des agents économiques, objet d’une table ronde organisée hier par El Moudjahid, au Centre de presse de la publication, a regroupé parlementaires, représentants d’institutions publiques et privées, économistes, opérateurs économiques et les médias.

 

Le principe de base a été de dire que la stabilité politique et institutionnelle ainsi que la lisibilité et la visibilité des politiques publiques constituent les conditions préalables fondamentales à la création de la valeur, l’impulsion et l’accélération de la croissance et à la diffusion de ses retombées sociales en termes de bien-être et de progrès.C’est la thèse soutenue par M.Bensaci Zaïm, président du Conseil consultatif de promotion de la PME/PMI qui ajoute que la création de la valeur, l’investissement, l’anticipation ont besoin d’un cadre politique légal et économique stables pour permettre aux entreprises et aux chefs d’entreprises de se projeter dans le temps.M. Serraï Malek, consultant international, constate pour sa part que le pays dispose d’une certaine stabilité.Il faut remarquer le rôle important que jouent les institutions publiques pour la création d’un environnement favorable pour permettre à tous d’évoluer dans les meilleures conditions pour la marche de l’appareil productif.L’orateur fait néanmoins remarquer que certaines structures montrent des signes de faiblesse, en citant le syndicat, dont le rôle s’affaiblit, et où l’on constate une perte de contrôle sur les mouvements de protestations actuels.Il y a aussi, dit-il, certains partis politiques qui s’éloignent de la base.

Une reconfiguration du paysage politique, économique et sociale


Ces partis politiques se sont vidés de la substance populaire.M.Serraï relève que nous sommes en face d’une nouvelle culture, une sorte de nahda culturelle. Le dernier discours présidentiel jette les bases d’une reconfiguration du paysage politique, économique et social.L’enjeu est de taille, l’Algérie constituant l’un des plus grands chantiers du Bassin méditerranéen avec plus de 600 milliards de dollars investis en une décennie.Cela exige une forte présence politique, la définition d’une stratégie économique à long terme.Toutes les parties doivent s’impliquer, partis politiques, société civile, institutions économiques et sociale...Nous devons faire attention à la conjoncture parce que l’on n’est pas seuls, note l’orateur.Pour M.Tazibt Ramdane, vice-président de l’APN, la stabilité est une notion tout à fait relative.L’orateur ne manque pas de souligner que l’instabilité a gagné de larges espaces dans le monde, où l’on voit dans de nombreux pays, même développés, des malaises sociaux qui se répandant, nés de la crise de systèmes politiques, économiques et sociaux en place.

L’héritage de deux décennies difficiles


Les troubles sociaux ont pour origine les problèmes vécus par les citoyens.En Algérie, il y a l’héritage de deux décennies difficiles qui ont affaibli le potentiel du pays, notamment avec l’application de l’ajustement structurel qui a provoqué la fermeture de milliers d’unités de production et occasionné la perte de milliers d’emplois (1,4 million).Aujourd’hui, il y a un mouvement social très important dans notre pays et une population qui aspire à plus de libertés et plus de droits.M.Tazibt pense qu’il y a des politiques qui ont été imposées à notre pays et qui ont un impact défavorable sur le marché de notre économie.Il faut donc, relève l’orateur, revenir à une politique nationale qui prenne en compte les véritables intérêts du pays.Pour M.Tazibt, la stabilité, c’est important mais elle ne doit pas se faire au détriment des droits économiques et sociaux pour l’accès à un véritable Etat de droit.Il y a urgence pour cela à régler de nombreux problèmes.Mme Haddad Nacira, membre de l’Association “SEVE” (femmes chefs d’entreprises) relève qu’il y a un besoin de stabilité politique, celle-ci est nécessaire pour l’ajustement des politiques publiques. L’oratrice plaide pour plus de concertation, plus de dialogue pour la consolidation des politiques publiques précisément.Dans le cadre de ces politiques, la tendance aujourd’hui est de favoriser l’initiative privée, parce que c’est  elle qui est créatrice de croissance et de richesse.Le privé va être l’opérateur sur lequel va se bâtir l’économie du pays.Il s’agit bien sûr du privé légaliste, travaillant dans la transparence, payant ses impôts.On ne peut, note Mme Haddad, construire une économie sans participation de ses véritables acteurs.Les pouvoirs publics ont le devoir d’intervenir mais il faut qu’il le fasse dans la concertation.L’oratrice fait le constat que la société civile a une part active dans la vie du pays, qu’elle a pris le pas sur les formations politiques qui sont invités à avoir plus de présence.Pour l’oratrice, la logique économique doit prendre, en toutes circonstances, le pas sur la logique administrative pour faire tourner l’appareil productif.

Rôle capital des institutions publiques

M. Drihem Abdelkader, président du groupe parlementaire, insiste lui aussi sur la nécessité du dialogue et assure que le politique doit s’ouvrir.L’orateur pointe un doit accusateur sur la bureaucratie qui freine les initiatives, dit-il.Concernant les projets mis en avant par de jeunes promoteurs, il déplore l’absence de vision économique de ceux-ci.La plupart des projets déposés auprès des structures concernées après un long marathon d’ailleurs, ciblent le secteur des transports. L’orateur déplore aussi que le compter-sur-soi a disparu des habitudes citoyennes globalement, ce qui ressort des interventions et des débats, c’est la nécessité d’avoir un environnement politique qui soit axé sur le marché et reposant sur des structures juridiques réglementaires saines.

Très nombreux sont les pays où les entrepreneurs sont confrontés à des législations et des réglementations très complexes qui leur interdisent pratiquement d’étendre leurs activités ou simplement d’entreprendre. Les institutions publiques jouent un rôle capital dans la création d’un environnement favorable aux entreprises.Pour faire preuve d’efficacité, elles doivent être ouvertes, décentralisées, stables et impartiales. Elles doivent enfin faciliter l’accès au marché tout en assurant le libre jeu de la concurrence. Les opérateurs économiques ont besoin, notent les intervenants à la table ronde, de visibilité et de prévisibilité, et pour cela l’Etat ne peut passer son temps à changer les lois.C’est dans l’amélioration de celles-ci que peut se situer le progrès et non dans la multiplication des contraintes.La transparence a été souvent évoquée dans le débat pour faire remarquer qu’elle est nécessaire pour que les décisions prises à haut niveau puissent être comprises de tous et surtout réunir autour d’elles une large adhésion.
T. M. A.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article